Vendredi 26 janvier 2024

CHF 150 | 110 | 50 | 30.-

E. Grieg
Suite de Holberg op. 40 pour orchestre à cordes

L. Van Beethoven
Concerto pour piano et orchestre n° 4 en sol majeur op. 58

L. van Beethoven
Symphonie n° 1 en ut majeur op. 21

Sous le patronage de

Présentation de concert

Grieg : Suite de Holberg op. 40 pour orchestre à cordes
Ludvig Holberg fut-il nommé « le Molière du Nord » du fait de ses propres pièces, ou pour avoir été le premier à traduire en danois L’Avare ? Une chose est sûre : lorsque Grieg honore en 1884 le bicentenaire de sa naissance, il pense à la France. Car de Couperin à Marais, nombreux furent les compositeurs hexagonaux à concevoir une Suite de pièces inspirées des danses de leur époque. Mais Grieg, né dans la même ville que Holberg en Norvège, se contenterait-il d’un pastiche ? Si le motif pointé de son Prélude ranime un souvenir baroque, il évoque surtout les mystérieuses forêts scandinaves, où Peer Gynt chasse le renne : on voit les sapins, les feux follets, les aurores boréales… La lente Sarabande qui arrive mêle la poésie pastorale du XVIIe siècle à la divine tristesse d’un Bach, pour y adjoindre le lyrisme romantique. Puis la Gavotte vire de bord, invitant chacun à entamer une danse de cour. Dix ans avant la mort de Holberg qui se fonda sur les Lumières, Voltaire et Rameau ne créaient-ils pas une comédie-ballet ? L’Air qui succède à cette parenthèse fait passer de la sueur aux larmes : son ampleur harmonique, sa tension mélodique, la richesse de ses couleurs lui confèrent un pouvoir de cantique. Avec ce supplément de spleen propre au siècle de Grieg, qui confiera : « J’ai achevé ma Suite Holberg dans le style ancien, bon exercice pour cacher sa propre personnalité. » Sous ses allures de course entre le violon et l’alto, le Rigaudon final impose un hérissant contraste. Nous sommes sortis de l’église pour gagner le village. Corelli et Haendel ne sont pas loin. Et le baroque a ressuscité dans un autre espace-temps.

Beethoven : Symphonie n° 1 en ut majeur op. 21
La première des neuf symphonies de Beethoven, conçue autour de 1799, est dédiée au baron van Swieten – compositeur médiocre, mais assez lucide pour soutenir des génies tels que le jeune Ludwig. Lequel, pour cette partition orchestrale d’envergure, se repose sur l’appui de ses maîtres. Haydn d’abord, son professeur, et Mozart qu’il vénérait. À l’orée du nouveau siècle, Beethoven refuse ainsi de faire table rase du passé – confirmant le mot d’un autre de ses mécènes : « Recevez l’esprit de Mozart des mains de Haydn. » L’introduction de l’adagio emprunte à ce dernier l’idée d’entretenir une confusion sur la tonalité de l’œuvre. Il faut attendre douze mesures pour que l’ut majeur s’affirme, sur un mode martial et printanier ; entre bourgeons et canons. Un critique de l’époque reprocha à cette Symphonie de paraître « écrite uniquement pour les vents ». C’est pourtant la marque prophétique du futur Beethoven que de ciseler un dialogue équilibré et plus composite entre les différentes familles d’instruments. Comme pour révéler les secrets de son art, l’auteur morcelle la polyphonie qui inaugure l’Andante. Avec ses quatre voix, le premier thème donne le sentiment de pénétrer dans les coulisses de l’Harmonie. Les connaisseurs reconnaîtront un hommage au mouvement correspondant de la 40e symphonie d’un dénommé Wolfgang. Une grâce analogue domine : tout est volatile, jusqu’à la dilution du temps, n’était le surgissement des timbales et trompettes… Le Menuet qui suit n’a presque rien d’un menuet. C’est là que s’affiche le plus clairement le passage de la félicité agreste du XVIIIe à la dévoration romantique du XIXe… Le Finale s’amorce en demi-teinte, puis court pour ne plus reculer. Tantôt syncopé, tantôt répétitif, le dialogue vibre sous une explosion de notes piquées, et s’achève en déclaration d’amour à Haydn, autant qu’en aveu d’indépendance du plus grand symphoniste à venir.

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