Jeudi 2 Février 2023

CHF 50 | 30.-

G.F. Haendel
Suite pour trompette et orgue en ré majeur

G.B. Viviani
Sonata Prima pour trompette et orgue

J.S. Bach
Toccata en sol majeur BWV 916

G.P. Telemann
Concerto pour trompette et orgue en ré majeur TWV 51: D7

J. Bull
In Nomine n° 9

H. Tomasi
Variations grégoriennes sur un Salve Regina pour trompette et orgue

C.M. Widor
Salve Regina de la 2ème réforme liturgique

H. Tomasi
Semaine Sainte à Cuzco pour trompette et orgue

Sous le patronage de

Présentation de concert

Haendel
Suite pour trompette et orgue en ré majeur
Nos oreilles sont peu habituées à la réaction chimique mêlant le son de l’orgue à celui d’une trompette. Elle produit pourtant d’éclatantes dorures, dont les accents princiers condensent un épitomé baroque. Et qui de mieux qu’Haendel, organiste inégalé en ce début de XVIIIe siècle, pour pénétrer dans ce répertoire ? Lancée comme une vénerie, sa Suite pour trompette et orgue nous plonge dans une forêt où les feux follets sont plus courants que le gibier. Au fil de cette œuvre en cinq temps, seront exposées avec maestria quantité d’alliances harmoniques, rythmiques, lyriques entre le cuivre David et l’orgue Goliath. Mais ici, point de duel : même dans l’épreuve le dialogue l’emporte. Et le soleil triomphe.

Viviani
Sonata Prima pour trompette et orgue
La « trompette » est aussi le nom d’un jeu d’orgue un jeu désignant l’ensemble des tuyaux de l’instrument polyphonique – possédant l’un des timbres les plus étincelants ; la puissance de sa sonorité évoquant celle de son homonyme instrumental. Au demeurant, un demi-siècle avant Haendel, le Florentin Viviani consacrait déjà de lumineuses pages au mariage de la trompette et de l’orgue. L’ultime mouvement de sa Sonata Prima matérialise une élévation vers l’extase. Via la foi ou la musique ? C’est la même chose.

Bach
Toccata en sol majeur BWV 916
Le poète David Dumortier distingue « les mots qui se touchent » (un piston, une main) des « mots qui ne se touchent pas » (la folie, la vie). Or si la sonate (de l’italien : sonare) s’avère une pièce destinée à « sonner », la toccata est une œuvre qui se « touche », son but étant d’établir la virtuosité de l’interprète tout en exposant la palette matérielle de son instrument. Pour ce faire, sera déployé un cycle de figures lentes ou rapides, l’ensemble prenant la forme – surtout chez Bach – d’une divine improvisation, où l’écriture contrapuntique atteint des sommets. Conçue autour de 1710 avec six autres pièces pour clavecin, la présente Toccata reste sibylline dans son intention. Mais transcendée par l’orgue, elle unit toutes les familles de mots : la main et la vie, s’élevant dans les hauteurs en nous offrant huit minutes de bonheur.

Telemann
Concerto pour trompette et orgue en ré majeur TWV 51: D7
On opposa souvent Telemann et Bach – qui étaient amis : plaisir chez l’un, musique savante chez l’autre. Ou plus férocement : facilité contre austérité. Telemann lui-même céda au coup de griffe, raillant ses pairs qui « contrepointent à tire-larigot ». Suivez mon regard. Pour autant, malgré le plaisir, nombre de ses créations demeurent des prodiges de lyrisme et de grâce, dont l’influence s’étend jusqu’à Mozart. Écoutons comment naît ce Concerto : avant même d’entrer dans l’œuvre, une longue note nous enlace et se transmue en mélodie, nous plongeant dans un délice d’ambiguïté, entre passion et recueillement. Les amateurs de chanson française puiseront des échos de L’Assassinat, bijou de Brassens, dans le troisième mouvement.

Bull
In Nomine n°9
Bien des partitions s’intitulent In Nomine au cours du XVIe siècle. D’ordinaire polyphoniques, elles découlent d’une messe de John Taverner, où le latin pour « Au nom de Dieu » se trouvait psalmodié. John Bull, qui était en outre facteur d’orgue, s’inscrit dans cet héritage. Mais son In Nomine est-il exclusivement religieux ? La récréation y est de mise. Rappelons que Bull quitta en hâte son Angleterre natale pour la Hollande, ayant procréé avant le mariage, et s’étant attiré les foudres de l’archevêque de Canterbury. « L’homme est aussi doué pour déflorer les vierges qu’il l’est pour son doigté sur les orgues »! avait fulminé le prélat.

Tomasi
Variations grégoriennes sur un Salve Regina pour trompette et orgue
Saut vers le XXe, siècle avec ces fameuses Variations du Marseillais Henri Tomasi, lequel traversa plusieurs crises mystiques. Ici, ce n’est plus à Dieu mais à la mère de Dieu que l’on s’adresse, dans ce cantique instrumental qui parcourt, en l’espace de six minutes, bien des couleurs sonores et théologiques. Libérés des canons antiques, l’orgue et la trompette explorent les confins de leurs contrastes respectifs, tissant un dialogue entre ciel et terre, sans oublier l’onde mutante de l’eau. Comme une assertion – peu avant l’avènement de la musique électronique – que l’orgue est un instrument mutant lui aussi, expérimental, total.

Widor
Salve Regina de la 2ème réforme liturgique
Le Salve Regina d’un autre Français, Charles-Marie Widor, génie de l’orgue qui prit la suite de César Franck au Conservatoire de Paris, fut créé quelques décennies plus tôt mais nous ramène au siècle de Bach. À l’instar du génie calviniste, Widor était un homme de système, féru de rationalité, croyant à une beauté d’effort. Raison pour laquelle sa musique fut jouée – dix ans après sa mort – lors du rigoureux mariage d’Élisabeth II en 1947.

Tomasi
Semaine Sainte à Cuzco pour trompette et orgue
Retour à Tomasi pour finir, avec une pièce hétéroclite, signée en 1962 par un artiste déclinant. Tour à tour terrassante ou éthérée, cette méditation sur le temps murmure qu’un jour ancien, des palais incas se dressaient en lieu et place de la cathédrale de Cuzco. Avec leurs démons, leur magie, et surtout leurs flûtes de Pan – ces orgues qui tiennent dans la paume.

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